Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/45

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tés sur la même place en glorifiant le Covenant. Pourtant il n’y eut aucune tentative de soulèvement ; Wilson lui-même paraissait résigné à franchir l’espace qui sépare le temps de l’éternité. Les prières et les cérémonies religieuses usitées ne furent pas plus tôt achevées, qu’il subit son sort, et la sentence reçut sa pleine exécution.

Il était suspendu au gibet depuis un espace de temps assez long pour ne plus donner aucun signe de vie, lorsque tout à coup une grande agitation se manifesta dans la foule, comme si elle avait reçu une subite impulsion. Une grêle de pierre tomba sur Porteous et ses soldats ; quelques-uns furent blessés, et la multitude les serra de près avec de grands cris, des huées et des imprécations. Un jeune homme portant un bonnet de matelot qui lui couvrait à moitié le visage, s’élança sur l’échafaud et coupa la corde qui soutenait le criminel ; d’autres s’approchèrent et voulurent enlever le corps, soit pour l’enterrer d’une manière convenable, soit pour essayer de le rappeler à la vie. Cette espèce de rébellion contre son autorité jeta Porteous dans une telle fureur, qu’il oublia que la sentence ayant reçu une complète exécution, son devoir était non pas d’en venir aux mains avec une multitude égarée, mais de se retirer avec sa troupe le plus promptement possible ; il sauta à bas de l’échafaud, saisit le mousquet d’un de ses soldats, leur ordonna de faire feu, et, comme plusieurs témoins oculaires s’accordèrent à l’affirmer, leur donnant lui-même l’exemple, déchargea son arme et tua un homme sur la place. Quelques soldats obéirent à son ordre ; six ou sept personnes furent tuées, et un grand nombre d’autres plus ou moins dangereusement blessées.

Après cet acte de violence, le capitaine se retira avec sa troupe vers le corps-de-garde dans High-Street ; mais la populace, loin d’être intimidée, poursuivit les soldats en les accablant de malédictions et leur lançant des pierres. Serrés de trop près, les soldats qui fermaient la marche se retournèrent et firent une nouvelle décharge qui eut pour résultat de disperser la foule. Il n’est pas certain que Porteous ait commandé ce nouvel acte de violence ; mais l’odieux de tout ce qui se fit dans cette fatale journée retomba sur lui et sur lui seul. Rentré au corps-de-garde, il congédia ses soldats, et vint faire son rapport aux magistrats sur ces malheureux événements.

Porteous avait eu le temps de réfléchir sur sa conduite, et l’ac-