Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/11

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forcées les secourir. Dans l’été de 84, Agricola, passant au nord, atteignit la contrée des Calédoniens ou Hommes des bois, nation farouche, ou plutôt confédération de dans, dont les terres avaient servi d’asile à toutes les tribus et à tous ceux qui, dans le sud, préférant la mort à l’esclavage, s’étaient retirés devant les progrès des conquérants. Les Calédoniens et leurs alliés, sous les ordres d’un chef que les Romains ont affublé du nom de Galgacus, s’avancèrent en braves à la rencontre des envahisseurs, et les combattirent héroïquement à un endroit situé sans aucun doute du côté méridional des monts Grampians, quoique les antiquaires ne soient pas d’accord sur le théâtre précis de l’action. Les Romains remportèrent la victoire, mais perdirent tant de monde, qu’Agricola fut contraint d’interrompre ses opérations sur terre, et rebroussa chemin pour s’assurer des territoires qu’il avait envahis. La flotte romaine doubla le nord de l’Écosse, et les campagnes d’Agricola se terminèrent par ce voyage de découverte. Après son départ en 85, on ne continua point la guerre contre les Calédoniens ; cependant, on fit beaucoup pour conserver du moins la partie méridionale de ses conquêtes, car c’est alors probablement que furent conçus et exécutés ces nombreux forts, ces longues routes, ces admirables camps, qui étonnent aujourd’hui l’antiquaire, lorsque voyant la contrée si pauvre, même de nos jours, il réfléchit combien il fallut un vif amour de la puissance, et un extrême orgueil national pour entraîner les Romains à s’assurer au prix de tels travaux la possession de sauvages districts qui n’étaient que montagnes, landes, broussailles et marais.

Ajoutons qu’après tout elle ne fut jamais sûre. L’empereur Adrien se contenta de reconnaître implicitement ce fait, l’année 120e de l’ère chrétienne, en établissant une ligne extérieure de défense contre les fiers Calédoniens. C’était une solide muraille, qui s’étendait à travers l’île, de la Tyne au Solway[1], beaucoup en deçà de la limite des conquêtes d’Agricola. On doit, il est vrai, supposer que les Romains du deuxième siècle continuèrent, au total, à posséder militairement la contrée au-delà de cette première muraille, peut-être jusqu’au golfe de Clyde et de Forth ; tandis qu’il semble probable que, de l’autre côté des rivières qui débouchent dans ces golfes, leur autorité ne fut ni régulière, ni permanente. Mais sous le règne d’Antonin, une seconde muraille

  1. Rivière d’Écosse. a. m.