Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/40

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CHAPITRE IV.


Malcolm IV. — Guillaume-le-Lion ; sa captivité. — Traité de Falaise ; Richard Ier l’abroge. — Mort et caractère de Guillaume. — Alexandre II ; sa mort.


Malcolm IV, âgé de douze ans, succéda, en 1153, à son excellent aïeul, David Ier ; prince d’origine celtique, et appelé qu’il était à régner sur des sujets la plupart Celtes, il fut couronné à Scone avec les cérémonies particulières à la race des Scots Irlandais. Conformément à leurs anciennes coutumes, on le plaça sur une pierre en quelque sorte consacrée qu’on réservait à ce solennel usage, et que Fergus, fils d’Éric, avait apportée exprès d’Irlande. Un barde Irlando-Écossais, ou né dans les Highlands, s’avança aussi, et chanta au peuple assemblé un poème gaélique, contenant l’énumération des ancêtres du jeune roi depuis le règne de ce même Fergus, fondateur de la dynastie[1]. Ce poème, qui nous est heureusement parvenu, ne doit pas être considéré seulement comme une de ces odes écrites par Cibber[2] pour les grands jours ; au contraire, il fut un exposé, fait de par le roi à la nation, du royal lignage en vertu duquel il réclamait son obéissance, et se trouve assez exactement conforme à d’autres maigres documents sur le même sujet, pour que les antiquaires modernes qui veulent prendre la peine de les collationner, puissent établir une liste régulière de ces barbares rois ou roitelets de la race dalriadique.

Sous le règne de Malcolm IV, les seigneurs des îles Hébrides, qui étaient en état d’indépendance, et reconnaissaient à peine être tenus, même nominalement, de fidélité envers la couronne d’Écosse ou celle de Norwège, quoique ces deux contrées y prétendissent, commencèrent à exercer, le long des côtes occidentales de la première, de graves brigandages que leurs galè-

  1. 1 Le barde cette était ordinairement seaunechte ou généalogiste, et en de nombreuses circonstances déployait son talent par le récit de généalogies versifiées. Il existe, sous le nom de l’Howlat, un poème burlesque où un de ces bardes est ridiculisé, et qui date du règne de Jacques II, car on cessa dès lors de respecter les hommes de cette profession, du moins dans les basses terres. — Voyez l’édition Bannatique de cet ancien poème. w. s.
  2. Collet Cibber, auteur dramatique anglais, mort en 1757, poète lauréat du roi Georges II. C’était un écrivain médiocre dont Pope a fait le héros de sa Dunciade.