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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/233

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vous engager dans une démarche irrévocable, dont vous n’avez examiné ni la justice ni le danger. »

« Incomparable Flora ! dit Édouard en lui pressant la main ; combien j’ai besoin d’un pareil guide ! »

« Monsieur Waverley en trouvera un bien meilleur en lui-même, dit Flora en retirant doucement sa main, quand il voudra écouter la voix de sa conscience. » — « Non, miss Mac-Ivor, je ne puis m’en flatter ; gâté par le concours de mille circonstances, je suis devenu l’esclave de mon imagination, plus que celui de la raison. Si j’osais espérer, si je pouvais penser qu’un jour vous daigneriez être pour moi une amie indulgente et sensible, qui m’aiderait à racheter mes erreurs passées ! dès lors, ma vie entière… » — « Chut ! chut ! mon cher monsieur ! maintenant je trouve que, dans la joie de vous être tiré des mains d’un recruteur jacobite, vous vous livrez à un excès de joie qui va beaucoup trop loin. » — « Chère Flora ! je vous en conjure, cessez cette plaisanterie ! vous ne pouvez vous méprendre sur la nature d’un sentiment dont l’expression m’est échappée presque involontairement ; et, puisque enfin j’ai rompu le silence, permettez que je profite de mon audace, ou souffrez du moins que je m’adresse à votre frère. » — « Pour rien au monde, monsieur Waverley… »

« Qu’entends-je ! dit Édouard : existe-t-il quelque fatal obstacle ? Peut-être une autre inclination… »

« Aucune, monsieur, répondit Flora ; je crois me devoir à moi-même de vous assurer que je n’ai jamais vu personne qui m’eût inspiré des idées de ce genre. » — « Il y a si peu de temps que nous nous connaissons… Si miss Mac-Ivor daignait m’accorder du temps, peut-être… » — « Je ne chercherai pas cette excuse ; le capitaine Waverley a un caractère si franc, si ouvert, si naturel en un mot, qu’il est impossible de ne pas en connaître immédiatement la force et la faiblesse. »

« Et sa faiblesse est cause que vous me méprisez ? » dit Édouard. — « Pardon, monsieur Waverley ; mais rappelez-vous qu’il y a une demi-heure il existait encore entre nous une barrière insurmontable pour moi, puisque je n’aurais jamais pu regarder un officier au service de l’électeur de Hanovre autrement que comme une simple connaissance. Permettez-moi donc de recueillir mes idées sur un sujet aussi inopiné, et dans une heure au plus tard je crois pouvoir expliquer ma résolution par des raisons qui, si elles ne flattent pas vos désirs, satisferont du moins votre ju-