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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/234

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gement. » En parlant ainsi, Flora se retira, laissant Waverley réfléchir à son aise sur la manière dont elle avait reçu sa déclaration.

Avant qu’il se fût précisément expliqué si ses vœux avaient été tout à fait rejetés ou non, Fergus entra dans l’appartement. « Eh quoi, je vous trouve pâle comme la mort, Waverley ! s’écria-t-il : allons, descendez un moment avec moi, et vous verrez un spectacle qui vaut mieux que les plus belles tirades de tous vos romans. Cent arquebuses, mon ami, et cent bons sabres qui viennent de nous être envoyés par des amis, avec deux ou trois cents gaillards prêts à combattre entre eux à qui s’en saisira le premier ! Mais laissez-moi vous examiner de plus près ? Comment donc ! un vrai montagnard dirait que l’esprit malin a jeté sur vous quelque charme. Serait-ce cette petite fille qui vous plongerait dans un tel abattement ? N’y pensez pas, mon cher Édouard : la plus sage de son sexe n’est encore qu’une folle quand il s’agit des intérêts essentiels de la vie. »

« Je vous avouerai, mon cher ami, reprit Waverley, que si je pouvais faire un reproche à votre sœur, ce serait d’être au contraire trop raisonnable et trop sensée. » — « Si ce n’est que cela, je vous parie un louis d’or que ce caprice ne durera pas vingt-quatre heures. Il n’y a pas de femme qui puisse continuer d’être raisonnable pendant cet espace de temps, et si cela vous fait plaisir, je vous garantis que demain vous trouverez Flora aussi folle qu’aucune de son sexe. Il vous faut apprendre, mon cher Édouard, à traiter les femmes en mousquetaire. » Et finissant ces mots il prit Waverley par le bras et l’entraîna avec lui pour être témoin de ses préparatifs militaires.


CHAPITRE XXVII.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.


Fergus Mac-Ivor avait trop de tact et de délicatesse pour renouer la conversation qu’il venait d’interrompre. Il avait, ou du moins paraissait avoir la tête si remplie de fusils, sabres, bonnets et autres objets d’uniforme, que Waverley ne put pendant quelque temps attirer son attention sur un autre sujet.

« Allez-vous bientôt entrer en campagne, Fergus, que je vous vois faire tous ces préparatifs de guerre ? » — « Quand il sera dé-