Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/116

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porter, » dit la servante ; il remit une lettre du colonel Mannering, datée de quatre jours, et écrite d’une ville distante d’environ cent milles de Kippletringan, contenant plein pouvoir à M. Mac-Morlan, ou à tout autre qu’il voudrait choisir, d’acheter le domaine, et l’annonce que des affaires importantes de famille appelaient le colonel lui-même dans le Westmoreland, où les lettres devaient lui être adressées chez sir Arthur Mervyn, esquire de Mervyn-Hall.

Mac-Morlan, dans le transport de sa colère, jeta le pouvoir à la tête de l’innocente servante, et ce ne fut pas sans peine qu’il s’abstint d’accueillir à coups de fouet le coquin de messager dont la lenteur et l’ivrognerie étaient cause de ce désappointement.



CHAPITRE XV.

LUCY ET DOMINIE CHEZ MAC-MORLAN.


Mon or est parti, mon argent dépensé… Mon domaine maintenant, prends-le pour toi ; donne-moi ton or, bon John des Scales, et mon domaine sera à toi pour toujours. Alors John lui donna quelques pences ; et pour l’argent que John donna, il eut, j’en suis sûr, un domaine qui valait trois fois davantage.
L’Héritier de Linne.


Le Galwégien John des Scales était un camarade moins adroit que son prototype Glossin, qui sut se rendre lui-même propriétaire d’Ellangowan sans bourse délier, formalité assez agréable. Miss Bertram n’eut pas plus tôt appris cette nouvelle désolante, à laquelle elle s’attendait si peu, qu’elle continua les préparatifs déjà commencés pour quitter immédiatement le château. M. Mac-Morlan l’aida dans ses arrangements et la pressa avec tant d’amitié d’accepter l’hospitalité et l’abri de son toit jusqu’à ce qu’elle eût reçu une réponse de sa cousine, ou qu’elle eût décidé quel parti elle prendrait, qu’elle regarda comme une impolitesse de rejeter des offres faites avec tant de bienveillance. Mistress Mac-Morlan était une femme comme il faut et bien en état, par sa naissance et ses manières, de recevoir la visite de miss Bertram, et de lui rendre agréable le séjour de sa maison. Ainsi donc un abri et une réception hospitalière lui étaient assurés, et elle continua, le cœur plein d’amertume, à payer les gages et à recevoir les adieux du petit nombre des domestiques de la maison de son père.