Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/255

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coût de l’acte, les peines et soins dans l’affaire, etc., etc. Mais moi, je désire seulement prouver à miss Bertram et à ses amis que je me conduis honorablement avec elle. Voici ce testament : ç’eût été un bonheur pour moi de le déposer dans les mains de miss Bertram, et de lui adresser mes félicitations sur l’avenir plus heureux qu’il semble lui promettre. Mais puisqu’elle cède à ses préventions contre mol, il ne me reste qu’à lui offrir mes vœux par votre intermédiaire, colonel, et l’assurance que je suis tout prêt à confirmer cet acte par mon témoignage sitôt que j’en serai requis. J’ai l’honneur de vous souhaiter le bonjour, monsieur. »

Ce compliment d’adieu, prononcé avec le ton de la vertu injustement soupçonnée, ébranla l’opinion de Mannering. Il reconduisit Glossin jusqu’à la porte, et le salua avec plus de politesse (quoique toujours froid et réservé) qu’il ne lui en avait montré durant tout leur entretien. Glossin sortit, satisfait de l’impression qu’il avait fini par produire, mais toujours mortifié de l’accueil froid et dédaigneux qu’il avait reçu d’abord. « Le colonel Mannering aurait pu être plus poli, se dit-il intérieurement ; on ne trouve pas tous les jours des hommes qui apportent la nouvelle de 400 livres sterling de rente à une fille qui n’a pas un sou. Oui, Singleside, aujourd’hui, doit bien produire 400 livres par an, car les fermes de Reilageganbeg, de Gillifidget, de Loverless, de Licalone, de Spinter-Knowe, les rapportent. Beaucoup d’autres, à ma place, auraient cherché ici à faire leurs affaires, quoique, à vrai dire, je ne sache pas trop comment ils en seraient venus à bout. »

Glossin ne fut pas plus tôt hors de la cour de Woodbourne, que le colonel dépêcha un de ses domestiques à M. Mac-Morlan, qui ne se fit pas attendre ; il lui remit le testament, le priant d’examiner s’il pouvait être profitable à sa jeune amie. Mac-Morlan lut cet acte avec des jeux étincelants de joie, essuya ses lunettes à plusieurs reprises, et s’écria enfin : « Inattaquable… c’est juste comme un gant… Oh ! personne ne travaille mieux que Glossin, à moins qu’il n’ait quelque motif pour faire de mauvaise besogne. Mais (sa figure changeait de couleur) cette vieille diablesse, passez-moi l’expression, peut avoir fait un autre testament. — Eh bien, comment le saurons-nous ? — En envoyant un fondé de pouvoirs de miss Bertram à la levée des scellés. — Pouvez-vous être son mandataire ? — Je ne le puis ; il faut que j’assiste à un procès criminel devant la cour. — J’irai donc moi-même, reprit le colonel. Je me mettrai en route demain matin. Sampson m’accompagnera… il a signé le tes-