Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/28

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En effet, laissant les ruines sur la droite, le voyageur arriva bientôt devant une petite maison moderne, à laquelle son guide frappa avec beaucoup d’importance[1]. Mannering expliqua sa situation à un domestique, et le maître de la maison, qui du parloir avait entendu son histoire, sortit, et lui annonça qu’il était le bienvenu dans la demeure hospitalière d’Ellangowan. L’enfant, joyeux d’avoir reçu une demi-couronne, fut renvoyé à sa chaumière, le cheval fatigué fut conduit à l’écurie ; quelques minutes après, Mannering était assis auprès d’un souper confortable, et il prouva qu’une course à cheval par un temps froid lui avait donné un grand appétit.



CHAPITRE II.

LE CHÂTEAU.


Il vint me ronger et m’enlever la meilleure partie de mon domaine, une grande demi-lune, un monstrueux morcellement.
Shakspeare. Henri IV.


La compagnie réunie dans le parloir d’Ellangowan se composait du laird et d’une sorte de personnage qui pouvait être le maître d’école ou peut-être le clerc du ministre ; son extérieur était trop mince pour indiquer le ministre lui-même, en supposant qu’il fût en visite chez le laird.

Celui-ci était un de ces personnages de second rang que l’on rencontre souvent dans les campagnes. Fielding décrit une classe comme feras consumere nati[2] ; mais l’amour de la chasse indique une certaine activité d’esprit qui avait abandonné M. Bertram, si jamais il l’avait possédée. Une insouciante bonne humeur formait la seule remarquable expression de ses traits, qu’il avait plutôt beaux que communs. En effet, sa physionomie indiquait la faiblesse de caractère qui perçait à travers les actions de sa vie. Je donnerai au lecteur quelque aperçu sur la position sociale et les habitudes de sir Bertram, avant de lui retracer une longue leçon qu’il fit à Man-

  1. On sait qu’en Angleterre les coups de marteau décèlent le rang du visiteur. Un valet, un commissionnaire, un ouvrier, ou toute autre personne de la même classe, frappe un seul coup ; l’ami ou une connaissance sur le pied d’égalité avec le maître de la maison, trois coups ; enfin l’homme ou la dame à grand équipage sont annoncés par un grand nombre de coups précipités et très forts. a. m.
  2. Nés pour tuer les bêtes sauvages. a. m.