Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/413

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tites méchantes, si vous ne le voyez pas, vous l’entendrez. — C’est-à-dire si nous voulons l’entendre, monsieur Pleydell, répondit Julia. — Et n’y a-t-il pas deux à parier contre un, que vous le voudrez ?… La curiosité ne vous apprend-elle pas l’usage de vos oreilles ? — Je vous assure, monsieur Pleydell, que de malicieux garçons comme vous nous apprendraient à faire usage de nos mains. — Réservez-les pour la harpe, ma belle demoiselle ; tout le monde y trouvera son compte. »

Pendant cet échange de plaisanteries, Mannering présenta à Bertram un homme à l’air respectable, en redingote grise et en habit de même couleur, en culotte de peau et en bottes : « Mon cher monsieur, voici M. Mac-Morlan… — De qui ma sœur a reçu un asile, quand elle était abandonnée de tous ses parents et de tous les amis de notre famille, » dit Bertram en l’embrassant.

Dominie s’avança, il grimaçait, il riait aux éclats ; il voulut tenter une aimable plaisanterie, mais ne produisit qu’un sifflement effroyable ; enfin, ne pouvant contenir son émotion, il se retira pour soulager son cœur en pleurant.

Nous n’essaierons pas de dépeindre l’allégresse, le bonheur dont jouirent nos amis pendant cette délicieuse soirée.



CHAPITRE LVI.

LES JUGES DE PAIX.


Comme un singe hideux que l’on saisit grimaçant d’aise au milieu des objets qu’il a dérobés, tel paraît un fripon dont les fraudes sont mises au grand jour.
Johanna Baillie. Le comte Basile.


Le lendemain, de bonne heure, tout était en mouvement à Woodbourne, à cause de l’interrogatoire d’Hatteraick. M. Pleydell, qui avait commencé autrefois une longue instruction sur la mort de Kennedy, et dont chacun reconnaissait les talents supérieurs, fut prié par Mac-Morlan, sir Robert Hazlewood, et un troisième juge de paix, de remplir les fonctions de président et de diriger l’interrogatoire. Le colonel Mannering fut invité à prendre séance avec eux. Comme ce n’était qu’un acte d’instruction préparatoire, le public n’était pas admis à l’audience du tribunal.

Pleydell résuma ce qui résultait des anciennes recherches ; il interrogea de nouveau les témoins entendus à cette époque. Il fit répéter par le chirurgien et le ministre la déclaration qu’ils avaient