Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/412

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et, en tout cas, je me charge de la dépense… Vous me trouverez à Woodbourne. »

Dinmont, à qui un fermier de sa connaissance venait de prêter un cheval, vint dire que tout était prêt pour le départ. Bertram et Hazlewood, après avoir bien recommandé à la foule, qui maintenant se montait à plusieurs centaines de personnes, de ne pas trop s’abandonner à ce premier mouvement de joie, attendu que le moindre excès d’un zèle inconsidéré pourrait nuire aux intérêts du jeune laird, comme ils le nommaient, s’éloignèrent au milieu de leurs acclamations.

Comme ils passaient près des cabanes détruites de Derncleugh, « Je suis sûr, dit Dinmont, que quand vous serez rentré dans votre domaine, capitaine, vous n’oublierez pas de bâtir là une petite chaumière. Le diable m’emporte ! je le ferais moi-même, si cela n’était en de meilleures mains… Cependant je ne voudrais pas y demeurer, après ce qu’elle a dit ; mais j’y établirais la vieille Elspeth, la veuve du bedeau. Les gens comme elle n’ont pas peur des tombeaux, des ombres et du reste. »

Grâce à la célérité de leur marche, ils arrivèrent bientôt à Woodbourne. La nouvelle de leur expédition les y avait précédés, et tous les habitants du château, rassemblés sur la pelouse, s’empressèrent de les féliciter. « Si vous me voyez encore en vie, » dit Bertram à Lucy, qui était accourue la première à sa rencontre, mais que les yeux de Julia avaient devancée, — vous le devez à ces braves amis. »

Lucy, avec une rougeur qui exprimait le plaisir, la reconnaissance et l’embarras, salua Hazlewood ; mais elle tendit la main à Dinmont. L’honnête fermier, dans le transport de sa joie, imprima les marques de sa reconnaissance sur les joues de la jeune demoiselle ; mais tout-à-coup, s’apercevant de cette extrême familiarité : « Pour l’amour de Dieu, madame, lui dit-il, je vous demande pardon, je vous prenais pour une de mes filles… Le capitaine est si bon ! cela fait qu’on s’oublie ! »

Le vieux Pleydell s’avança alors : « Eh bien, dit-il, si les honoraires se paient maintenant en cette monnaie… — Halte-là, monsieur Pleydell, halte-là, dit Julia : vous avez reçu vos honoraires d’avance ; rappelez-vous de la soirée d’avant-hier. — Je ne le nie pas. Mais si demain matin je ne gagne pas des honoraires doubles, en interrogeant le capitaine Halteraick… Par Dieu, je le rendrai souple, et de la belle manière ! Vous verrez, colonel… et vous, pe-