Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/426

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moment la plus parfaite intelligence ne cessa de régner entre eux. La succession de mistress Marguerite Bertram, et les généreux secours du colonel, mirent facilement le nouveau propriétaire en état de faire face à tout. Les recherches et l’habileté de ses amis les avocats leur avaient fait découvrir dans les comptes des créanciers, et notamment dans ceux de Glossin, tant de fraudes et de doubles emplois, que la masse des dettes s’était considérablement réduite. Dans ces circonstances, les créanciers n’hésitèrent pas à reconnaître les droits de Bertram, et à lui restituer le château et les domaines d’Ellangowan. Tous les habitants de Woodbourne assistèrent à la prise de possession, qui se fit au milieu des acclamations des fermiers et de tous les habitants du voisinage. Le colonel était si empressé de voir exécuter certaines améliorations qu’il avait recommandées à Bertram, qu’il alla s’établir à Ellangowan avec toute sa famille, quoique, pour le moment, le séjour en fût moins commode que celui de Woodbourne.

Le pauvre Dominie avait presque perdu la tête. En arrivant au château, il grimpa les escaliers, enjambant trois marches à la fois, jusqu’à une petite cellule sous les toits, jadis son cabinet de travail et sa chambre à coucher, que son bel appartement de Woodbourne ne lui avait jamais fait oublier. Mais une pensée désolante vint tout-à-coup troubler la joie du pauvre homme… Ses livres !… il lui fallait plus de trois chambres pour les contenir !… Pendant que cette importante réflexion occupait son esprit, il fut mandé par Mannering ; il s’agissait de l’aider à calculer les proportions d’une vaste et belle maison qu’il allait faire construire à côté du château neuf d’Ellangowan, dans un style qui correspondrait à la magnificence des ruines voisines. Parmi les différents appartements indiqués sur le plan, Dominie en remarqua un d’une très grande dimension, appelé Bibliothèque ; à côté une chambre bien proportionnée était désignée sous le nom de Appartement de M. Sampson : « Prodi-gi-eux ! Pro-di-gi-eux ! » s’écria-t-il hors de lui-même.

M. Pleydell avait quitté ses amis en leur promettant de leur faire une nouvelle visite pendant les vacances de Noël. Lorsqu’il arriva à Ellangowan, tout le monde était à la promenade, excepté le colonel qu’il trouva occupé de ces plans dont un propriétaire homme de goût aime souvent à s’entourer.

« Ah, ah ! vous êtes seul ? dit l’avocat. Et où sont ces demoiselles ?… où est la belle Julia ? — À la promenade avec le jeune Hazlewood, Henri et le capitaine Delaserre, un des amis de Ber-