Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaient en cet endroit fussent mesurées et examinées. Les unes correspondaient exactement aux pieds de la malheureuse victime, d’autres étaient plus grandes, quelques-unes plus petites : on pouvait supposer que pour le moins quatre ou cinq hommes l’avaient attaquée. En outre, çà et là on remarqua les traces d’un pas d’enfant, et comme on n’en découvrit aucune autre ailleurs, et que la mauvaise route de cheval qui traversait le bois de Warroch était près de cet endroit, il était naturel de penser que l’enfant avait pu s’échapper dans cette direction pendant la mêlée. Mais comme on n’en entendit jamais parler, le shérif, qui fit un relevé exact de toutes ces circonstances, ne put s’empêcher de penser que le mort avait été assassiné, et que les meurtriers, quels qu’ils fussent, s’étaient emparés de la personne du petit Henri Bertram.

On fit toutes les recherches possibles pour découvrir les criminels ; les soupçons se partageaient entre les contrebandiers et les Égyptiens.

Le sort du vaisseau d’Hatteraick était certain. Deux hommes, du côté opposé de la baie de Warroch (c’est ainsi qu’on appelle le passage du côté méridional de la pointe de Warroch) avaient vu, quoiqu’à une très grande distance, le lougre faire voile à l’est, après avoir doublé le promontoire, et ils avaient jugé, d’après les manœuvres, qu’il était désagréé. Peu de temps après, ils s’aperçurent qu’il avait touché, et qu’il en sortait de la fumée ; enfin ils le virent en feu. Il jetait une flamme brillante, comme l’un d’eux s’exprima, quand parut à leurs yeux un vaisseau du roi, le pavillon déployé, dépassant le promontoire. Les canons du lougre enflammé se déchargeaient à mesure que le feu les gagnait ; enfin ils le virent sauter avec une grande explosion. Le sloop de guerre se mit au large pour sa propre sûreté, et après avoir louvoyé jusqu’à ce que le lougre eût sauté, il se dirigea vers le sud à toutes voiles. Le shérif interrogea avec beaucoup de soin ces deux hommes, et leur demanda si aucune barque n’avait quitté le navire. Ils ne purent l’affirmer. Ils n’en avaient vu aucune ; mais la fumée épaisse qui, partant du vaisseau enflammé, était poussée vers la terre, avait pu dérober à leurs regards la direction de ces barques.

Il n’y avait pas de doute que le vaisseau détruit ne fût celui de Dirk Hatteraick. Son lougre était bien connu sur la côte, et on l’attendait justement à cette époque. Une lettre du commandant du sloop royal, auquel le shérif s’adressa, mit la chose hors de doute. Il y joignait un extrait de son journal, annonçant qu’à la réquisi-