Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/167

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ment meublé, et orné de quelques ouvrages à l’aiguille de sa première jeunesse, que mistriss Hadoway avait conservés ; mais il était bas et étouffé, et Oldbuck craignait que l’exposition n’en fût pas saine pour un jeune homme d’une santé délicate, observation qui le confirma dans un projet qui s’était déjà offert à son esprit en faveur de Lovel. Celui-ci était assis sur un canapé, en robe de chambre et en pantoufles ; une table à écrire chargée de papiers et de livres était placée devant lui. L’Antiquaire fut effrayé du changement qui avait eu lieu dans sa personne. Une pâleur mortelle était répandue sur son front et sur ses joues, à l’exception des pommettes que couvrait une rougeur vive et tranchante, semblable à celle qui indique généralement la phtisie, et si différente de ce frais coloris de la santé, animé d’une légère nuance de hâle, qui si peu de temps auparavant était la teinte habituelle de son visage. Oldbuck remarqua à ses vêtemens, et à un habit noir placé sur une chaise à côté de lui, qu’il était en grand deuil. Lorsque l’Antiquaire était entré, Lovel s’était levé pour aller à sa rencontre.

« Voilà qui est bien aimable, dit-il en lui serrant la main, et en le remerciant cordialement de sa venue ; et vous me prévenez dans une visite que j’avais l’intention de vous faire. Il faut que vous sachiez que depuis peu j’ai fait l’acquisition d’un cheval.

— C’est ce que j’ai appris de mistriss Hadoway. J’espère seulement, mon cher ami, que votre choix sera tombé sur un cheval tranquille. Il m’est arrivé à moi-même imprudemment d’en acheter un une fois de ce même Gibbie Golightly : or ladite bête se mit à courir, moi sur son dos, l’espace de deux milles après une meute de chiens avec laquelle je n’avais pas plus à démêler qu’avec la neige de l’an dernier, et après avoir procuré un divertissement infini à tout une bande de chasseurs, il eut la bonté de me déposer dans un fossé sec. J’espère que le vôtre sera plus pacifique.

— J’espère du moins que nous nous entendrons mieux sur le choix de nos excursions.

— C’est-à-dire que vous vous croyez bon cavalier.

— Je ne conviendrais pas volontiers d’en être un mauvais.

— C’est cela : vous autres jeunes gens croyez tous qu’autant vaudrait vous comparer à des tailleurs. Mais avez-vous de l’expérience ? car, crede experto[1], un cheval en colère ne plaisante pas.

  1. Crois celui qui a de l’expérience. a. m.