Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/185

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che de l’arbre que les Brésiliens appellent bois de fer, et qui, frappé avec un marteau, dit Purchas dans son Voyage, retentit comme le marteau sur l’enclume. — Ma foi ! je crois que tu as raison ; car ces souverains que l’on a fait déguerpir ont rassemblé dans cette résidence de plaisir une foule d’arbres et de plantes étrangères, quoiqu’ils n’aient pas recueilli le fruit de cet arbre qui en porte de douze espèces, et dont les feuilles sont la guérison des nations.

Éverard continua ses objections ; car il était frappé de la manière dont Harrison éludait ses questions et de la dextérité avec laquelle il étendait ses connaissances transcendantes et exaltées comme une roue sur les plus sombres visions qu’excitaient les remords et la conscience du crime.

« Mais, dit-il, si je puis en croire mes yeux et mes oreilles, je suis forcé de vous avouer que vous aviez réellement un adversaire… même, je suis sûr d’avoir aperçu le drôle, en jaquette noirâtre, se retirer au travers du bois. — Dites-vous vrai ? » demanda Harrison d’un ton de surprise, tandis que sa voix tremblait en dépit de lui-même. « Qui pouvait-ce être ?… Tomkins, avez-vous vu le drôle dont parle le colonel, avec la serviette dans sa main… la serviette sanglante qu’il appuyait toujours sur son côté ? »

Cette dernière expression qui dépeignait l’adversaire d’Harrison d’une manière toute différente de ce que venait de dire Éverard, mais conforme au portrait qu’avait tracé d’abord Tomkins du prétendu spectre, eut plus de force sur Éverard pour le confirmer dans la réalité de l’histoire contée par le secrétaire, que tout ce dont il avait été témoin, ou ce qu’il avait entendu. Tomkins répondit à la demande aussi vite que d’ordinaire, en disant qu’en effet il avait aperçu un individu se glisser près d’eux dans les buissons… qu’il osait affirmer que c’était un traqueur de daims, car il savait qu’ils étaient devenus d’une excessive audace.

« Regardez donc par ici, maître Éverard, » dit Harrison, se hâtant de changer la conversation, « et répondez : N’est-il pas temps enfin de laisser de côté nos controverses, et de nous donner la main pour réparer les brèches de Sion ? Je serais heureux et content, mon excellent ami, d’être, en cette occasion, un gâcheur de mortier, de porter la hotte même, sous les ordres de notre grand chef avec qui la Providence a travaillé dans cette importante controverse nationale ; et vraiment, je suis dévoué à ce point à notre excellent et victorieux général Olivier… puisse le ciel lui accorder longue vie !… que s’il me l’ordonnait, je ne me ferais pas scrupule de culbuter de