son haut fauteuil l’homme qu’on appelle orateur, comme j’ai poussé de mes pauvres mains pour culbuter celui qu’on appelle roi… C’est pourquoi, sachant que vos opinions s’accordent avec les miennes à ce sujet, laissez-vous engager amicalement d’agir en bon frère pour relever les ruines et rétablir les remparts de notre Sion anglaise, où nous servirons sans doute de piliers et d’arcs-boutants, sous notre excellent lord général, pour supporter et soutenir l’édifice ; où nous serons dotés des revenus et des bénéfices convenables, tant spirituels que temporels, nous servant de piédestal pour nous établir, attendu qu’autrement nos fondations seraient bâties sur le sable mouvant. Néanmoins, » confirma-t-il, son esprit abandonnant ses projets d’ambition temporelle pour revenir à ses rêves de la cinquième monarchie, « toutes ces choses ne sont que vanité en comparaison de l’ouverture du livre qui est scellé ; car le moment approche où on verra briller l’éclair, où le tonnerre retentira, et où s’échappera de l’abîme sans fond le grand dragon qui y est enchaîné. »
Avec ce concours de phrases de politique mondaine et de prédictions fanatiques, Harrison dompta si bien le colonel Éverard, qu’il ne lui laissa point le temps de le presser davantage sur les détails de son duel nocturne, quoiqu’il fût évident qu’il redoutait d’autres interrogations. Ils arrivèrent alors à la Loge de Woodstock.
CHAPITRE XV.
LES FANTÔMES.
Devant la porte du château les sentinelles étaient alors doublées. Éverard en demanda la raison au caporal qu’il trouva dans le vestibule avec ses soldats assis ou endormis autour d’un grand feu alimenté aux dépens des chaises et des bancs sculptés, ainsi que l’indiquaient plusieurs morceaux qui étaient encore là.