Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/19

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autre fois il les assaillit avec des pierres et des os de cheval ; des pots remplis d’eau furent versés sur eux pendant leur sommeil ; enfin tant d’autres tours de ce genre furent exécutés à leurs dépens, qu’ils abandonnèrent la partie, et laissèrent à demi consommée la spoliation qu’ils avaient projetée. Le bon sens du docteur Plot l’a porté à soupçonner que tous ces faits étaient les résultats de quelque complot ou menées secrètes ; mais Glanville travailla de toutes ses forces à le réfuter. Et en effet, on ne peut espérer que celui qui a admis une explication aussi commode que l’intervention d’un pouvoir surnaturel, consente à ne pas se servir d’une clef qui ouvrira toutes les serrures, quelque compliquées qu’elles soient.

Quoi qu’il en soit, la suite a fait découvrir que le docteur Plot avait parfaitement raison, et que le seul démon qui avait accompli toutes ces merveilles n’était autre qu’un royaliste effréné, un nommé Trusty Zoe, ou autre nom à peu près semblable, précédemment au service du jardin du parc, et qui avait passé à celui des commissaires dans l’intention de leur faire souffrir ces tribulations. Je crois avoir vu quelque part un récit véridique de toute l’affaire et des moyens dont le malin personnage se servait pour accomplir ses prodiges ; mais est-ce dans un livre ou dans une brochure ? c’est ce que je ne saurais dire. Je me rappelle seulement un passage à ce sujet : les commissaires étant convenus de mettre à part quelques objets pour se les partager, avaient dressé un acte qui réglait leurs droits respectifs ; et, pour plus de sûreté, ils avaient caché cet acte au fond d’un grand vase. Mais une assemblée de théologiens, renforcée par les plus austères presbytériens du voisinage de Woodstock, s’étant réunie pour conjurer le démon supposé, Trusty Zoe fit partir, au milieu de l’exorcisme, un feu d’artifice qu’il avait préparé, et qui brisa le pot ; alors, à la honte et à la confusion des commissaires, leur contrat secret tomba au milieu des exorciseurs étonnés, qui apprirent ainsi les projets de concussion des commissaires.

Mais il est, je crois, inutile que je tourmente ma mémoire pour chercher à me rappeler des souvenirs anciens et à demi effacés, relatifs aux scènes merveilleuses qui se passèrent à Woodstock, puisque les manuscrits du docteur Rochecliffe en donnent un récit bien plus détaillé que ce qu’on pourrait trouver dans les ouvrages publiés auparavant. J’aurais pu m’étendre davantage sur cette partie de mon sujet, car les matériaux sont abondants ; mais, pour faire au lecteur une confidence, qu’il sache que quelques critiques bienveillants ont pensé que cela rendrait l’histoire languis-