Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

docteur Rochecliffe, et jeter ensuite un coup d’œil sur les entourages du château où repose pour quelque temps la fortune de l’Angleterre. J’ose supplier Votre Majesté, pour sa sûreté, d’être assez bonne pour consentir à refermer la porte quand je serai sorti. — Oh ! ne parle pas de Majesté, pour l’amour du ciel, cher Albert ! » lui dit le pauvre roi en s’efforçant, mais en vain, de passer quelques vêtements pour traverser la chambre. « Quand le pourpoint et les bas d’un roi sont en si mauvais état qu’il lui est aussi difficile de les mettre que de traverser sans guide la forêt de Deane, de bonne foi, il faut mettre de côté ce titre de Majesté jusqu’au jour où elle se pourra mieux costumer. D’ailleurs on court risque, en lançant à tout propos ces mots sonores, qu’ils soient entendus par des oreilles suspectes. — Vos ordres seront exécutés, » dit Lee, qui avait enfin réussi à ouvrir la porte. Il sortit, laissant au roi, qui s’était levé à la hâte à cet effet, le soin de la fermer derrière lui, et suppliant sa Majesté de n’ouvrir à qui que ce fût, à moins que le docteur Rochecliffe ou lui ne vinssent l’en prier.

Albert se mit alors à la recherche de l’appartement du docteur, qui n’était connu que de lui et du fidèle Joliffe, pour avoir servi différentes fois de retraite au courageux ecclésiastique. Là, cet homme que son caractère actif et entreprenant avait entraîné dans les plus audacieuses machinations en faveur du roi, avait été inutilement cherché par les émissaires du parti opposé. Depuis quelque temps on ne pensait plus à le saisir, parce qu’il s’était prudemment retiré du théâtre de ses intrigues ; mais depuis la perte de la bataille de Worcester, il les avait reprises avec plus d’ardeur que jamais, et il était parvenu, grâce à des amis, à des correspondants, et surtout à l’évêque de…, à diriger vers Woodstock le prince fugitif ; ce n’avait été que le jour même de son arrivée qu’il avait pu lui assurer un asile sûr dans cet ancien château.

Albert Lee admirait l’esprit intrépide et les ressources inépuisables de l’ardent et audacieux ecclésiastique, mais il sentait que le docteur ne l’avait pas mis à même de répondre à plusieurs des questions que lui avait adressées le roi, la veille au soir, d’une manière aussi précise qu’un homme qui s’était rendu responsable de la sûreté du roi l’aurait dû faire. Son intention était alors de se faire instruire personnellement, s’il était possible, des moindres détails de cette affaire si importante, comme le devait celui qui allait se charger d’une si pesante responsabilité.

Ses connaissances locales eussent même été insuffisantes pour