Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/450

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ce qui n’est point mon habitude. Place donc des gardes, et nous prendrons du repos pendant une heure ou deux. Envoie des courriers dans toutes les directions, et n’épargne pas les chevaux. Éveille-moi si la cour martiale a besoin d’instructions, et n’oublie pas de faire exécuter rigoureusement la sentence contre les Lee et ceux qui ont été arrêtés avec eux. »

À ces mots il se leva, et entr’ouvrit la porte de la chambre à coucher, quand Pearson lui demanda, en s’excusant, s’il avait bien compris Son Excellence, et s’il fallait faire exécuter tous les prisonniers.

« Ne l’ai-je point dit ? » répondit Cromwell avec mécontentement. « Est-ce parce que tu es un homme de sang et que tu l’as toujours été, que tu affectes ces scrupules pour te montrer humain à mes dépens ? Je te le dis, s’il en manque un seul dans le compte que l’on me rendra de l’exécution, ta vie m’en répondra. »

Il entra aussitôt dans l’appartement, suivi de son valet de chambre que Pearson avait fait appeler.

Quand le général se fut retiré, Pearson ne savait réellement quel parti prendre : ce n’était point par scrupule de conscience, mais parce qu’il craignait de mal faire, soit en retardant, soit en hâtant et en exécutant littéralement les instructions qu’il avait reçues.

Cependant Strickalthrow et Robins, après avoir mis Albert en prison, étaient revenus dans la chambre où Pearson réfléchissait encore sur les ordres de son général. Ces deux hommes étaient de vieux et braves soldats que Cromwell avait coutume de traiter avec beaucoup de familiarité, de sorte que Robins n’hésita pas à demander au capitaine Pearson s’il comptait exécuter à la lettre les ordres du général.

Pearson secoua la tête d’un air de doute, mais ajouta qu’il n’avait pas d’alternative.

« Sois sûr, lui dit le vieillard, que si tu fais cette folie, tu feras entrer le péché dans Israël, et que le général t’en saura mauvais gré. Tu sais, et mieux que personne, que bien qu’Olivier puisse être comparé à David, fils de Jessé, en foi, en sagesse et en courage, il est des moments où le démon s’empare de lui comme autrefois de Saül, et qu’il donne des ordres qu’il ne te saura pas gré d’avoir exécutés. »

Pearson était trop politique pour approuver directement une proposition qu’il ne pouvait nier. Il se contenta de secouer encore la tête, et dit qu’il était aisé de parler quand on n’était point respon-