Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le titre de Mémoires authentiques du mémorable Joseph Collins d’Oxford, vulgairement connu sous le nom de Funny Joe, et prêts à être mis au jour, je fus extrêmement charmé d’y trouver le récit sans réplique et circonstancié du plus fameux des agents invisibles, si bien connu en 1649 sous le nom de brave démon de Woodstock, et même adoré par le peuple de cette localité, à cause des tribulations qu’il occasionnait à certaines gens qui ne les aimaient pas beaucoup. Comme cette fameuse histoire, quoique rapportée par plus de mille individus, et attestée dans ses détails, au delà de toute possibilité du doute, par des hommes de rang, de science et de renom, d’Oxford ainsi que des villes voisines, n’a pas encore été généralement racontée ou comprise, et comme elle est parfaitement et irrécusablement expliquée dans ces papiers, je ne pourrais sans remords me dispenser de faire éprouver à mes lecteurs le même plaisir qu’elle m’a causé en la lisant. Je vais donc la leur communiquer. »

Il n’y a nul doute qu’en 1649 bon nombre d’incidents, que l’on suppose surnaturels, arrivèrent au château royal de Woodstock, pendant que les commissaires du parlement s’efforçaient de le dévaliser et de le détruire. L’abrégé de ce qui advint, publié par les commissaires eux-mêmes ou sous leur patronage, a paru comme sixième relation du Monde dévoilé de l’invisible Satan, par George Sinclair, professeur de philosophie à Glasgow, collecteur approuvé de semblables romans.

Aucun des grands partis politiques de ce temps n’avait intérêt à discréditer ce récit qui donnait satisfaction tout à la fois aux Cavaliers et aux Têtes-rondes : les premiers concevant que la licence accordée aux démons était une conséquence de la souillure impie du mobilier et des appartements du roi, à tel point que les citoyens de Woodstock adoraient presque les esprits supposés, comme vengeant la cause de la royauté ; au lieu que les amis du parlement, de leur côté, imputaient à la malice de l’ennemi l’empêchement au pieux ouvrage, comme ils jugeaient celui qu’ils avaient en main.

Au risque de prolonger une citation curieuse, j’insère ici une page ou deux du livre de M. Hone (Every-day-Book) :

« Les honorables commissaires arrivèrent au château de Woodstock le 13 octobre 1649, et s’installèrent dans les propres appartements du roi. Ils firent de la chambre à coucher leur cuisine, de la salle du conseil leur paneterie, et de la salle d’audience le lie