Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/9

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où ils expédiaient les affaires. La salle à dîner du roi devint leur chantier, et ils n’y enfermèrent d’autre bois que celui du fameux chêne royal du parc, qu’ils avaient enlevé jusqu’aux racines et mis en fagots pour allumer leur feu, de manière qu’il ne demeurât rien du nom de roi dans la localité.

« Le 16 octobre ils commencèrent à expédier des affaires. Au milieu de leur premier débat, un gros chien noir, à ce qu’ils pensèrent, entra dans la salle, y poussa un affreux hurlement, renversa deux ou trois chaises ou fauteuils, et sans causer d’autres dommages se glissa sous le lit, où il rongea des cordes. La porte de l’appartement avait été constamment fermée, et lorsqu’au bout de deux ou trois heures Giles Sharp, secrétaire des commissaires, regarda sous le lit, il s’aperçut que l’animal avait disparu, sans avoir touché à un plat de viande que les domestiques y avaient caché, et le montrant aux commissaires, ceux-ci furent convaincus que ce ne pouvait avoir été un chien véritable ; ledit Giles déposa aussi sous serment qu’à sa connaissance il n’y en avait pas.

« Le 17 octobre, au moment où les commissaires étaient à dîner dans une pièce plus basse, ils entendirent distinctement le bruit de gens qui se promenaient dans la pièce supérieure, quoiqu’ils sussent parfaitement que les portes en étaient fermées et qu’il ne pouvait s’y trouver personne. Ensuite ils entendirent également que l’on portait tout le bois du chêne royal, et qu’on le jetait avec violence de la salle à dîner dans la salle d’audience, en même temps que les chaises, les fauteuils, les tables et les autres meubles étaient bouleversés dans l’appartement, et qu’on y déchirait les papiers-minutes de leurs transactions, après avoir brisé les encriers. Lorsque tout ce vacarme eut cessé, ledit Giles proposa d’entrer le premier dans les appartements, en présence des commissaires qui venaient de lui en remettre les clefs : il ouvrit la porte et entra dans la chambre suivi de leurs Seigneuries. Là il trouva le bois dispersé dans l’appartement, les chaises déplacées et brisées, les papiers déchirés, les encriers brisés ; et cependant on n’aperçut aucune trace de pas humains, et aucune porte n’avait été ouverte pour laisser entrer ou sortir aucun individu depuis que les commissaires étaient là. Ils tombèrent donc unanimement d’accord que la personne qui avait fait tout ce dégât ne pouvait avoir pénétré dans la chambre que par le trou de la serrure.

« Dans la nuit du même jour, ledit Giles et deux des domestiques des commissaires, pendant qu’ils étaient au lit dans la même cham-