Page:Œuvres de la citoyenne de Gouges.djvu/16

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du 9 au 10 Mars, qui heureusement n’a pas été consommé : mais il m’assure que cette affaire n’est qu’ajournée.

Enfin tu dois régner, Philippe, par le crime ; Laclos le veut. Et l’on sait si l’auteur des Liaisons dangereuses, est un odieux machiaveliste. Tout ce que je t’avance, je puis le prouver ; mais, s’il est vrai que la soif de régner te domine, pourquoi ne présenterois-tu pas plutôt aux Français la nécessité d’un gouvernement monarchique, s’ils sont nés pour servir sous les tyrans, que de vouloir monter sur le trône par la plus sanglante des révolutions ? Crois-moi Philippe, les scélérats ne réussissent pas toujours, et quand ils croyent triompher, ils sont souvent massacrés à la tête de leur parti ; voilà la catastrophe que je t’ai prédite il y a long-temps.

Ces conversations vagues, quelle que fût ma défiance à ton sujet, ne m’avoient point encore persuadée ; mais, quelle fut ma surprise, lorsque je te vis garder le silence sur la dénonciation du sieur Lajousky ! il n’étoit connu que sous la désignation d’un Polonnois : qui pouvoit mieux que toi, rendre compte de cet homme à la convention ? C’est ton ingénieur, un de ceux qui ont ta confiance. En rentrant chez moi, je parle de cette dénonciation à celui qui m’avoit