Page:Œuvres de la citoyenne de Gouges.djvu/24

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qui me poursuivent ouvertement ; qu’ils viennent me percer le sein. Que ferois-je actuellement dans ce monde ? J’ai épuisé infructueusement ma fortune pour le salut public ; je vois ma patrie déchirée ; un frère mort sur les frontières, laissant sa fille sans fortune, sans secours ; mon fils, mon malheureux fils, mort peut-être dans cette dernière affaire, puisqu’on s’obstine au bureau de la guerre à ne m’en point donner des nouvelles ; enfin, ce dernier coup manquoit à mon infortune, si le ciel m’a voulu priver de la seule consolation qui pouvoit me dédommager de tous mes sacrifices. Je n’ai plus rien sur la terre, plus rien à ménager, et je demanderai la mort aux assassins, comme un bienfait qui récompensera mon civisme d’une couronne éternelle. Ô Philippe ! Ô Bourbons ! noms à jamais exécrables ; puisse la vengeance de Dieu et des hommes, vous forcer à vous détruire vous-mêmes les uns par les autres ! Puissiez-vous payer par votre sang, tout celui que vous avez fait couler ! Puissent les Français, plus dignes un jour d’un gouvernement républicain, charger votre mémoire de tous les forfaits qui ont souillé la révolution, qui, sans les Bourbons, se seroit opérée sans tache et sans meurtres. Juste ciel ! et ces Bourbons trouvent encore des Français pour esclaves ; ces Français divisés en deux factions, ne veulent qu’un Bourbon pour