Page:Œuvres de la citoyenne de Gouges.djvu/26

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de toutes parts ! Si à peine ayant connu le gouvernement républicain, les Français en sont déjà fatigués, qu’ils frémissent sur le choix qu’ils vont faire. Un roi, un dictateur, sont le fléau des hommes ? Pour moi, qui ai défendu pour vous seuls la monarchie que vous paroissez désirer actuellement, j’avois vu arriver avec enthousiasme la constitution républicaine qui convenoit, dès mon enfance, à mon caractère fier et indépendant, je vois avec un profond regret cette constitution anéantie, avant même sa naissance. Rentrez sous le joug, foibles Français, puisque vous n’avez pas le courage de repousser l’étranger et de vous défaire des traîtres du dedans. Je finirai, Philippe, par retirer l’hommage que je t’ai fait, dans ton exil, de mes œuvres. Ces œuvres renferment mon portrait, et tu sais que mon portrait n’est pas un hommage ordinaire de femme. Je n’ai eu rien de particulier avec toi, c’étoit le talent qui accordoit un tribut à la demande d’un prince patriote. Le nom de monseigneur, celui de grandeur, y sont tracés à ta honte et à la mienne. Rends-moi ces œuvres ; je veux avant ma mort expier ces erreurs antirépublicaines, ouvrage du préjugé et de l’habitude.


Marie Olympe de GOUGES.