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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/217

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Damon.

Ce terme est trop flatteur ; mais je sçais le réduire
À sa juste valeur.

Sophie.

À sa juste valeur.Eh ! tâchez de m’instruire.

Damon.

Durval devoit partir, un contre-ordre est venu ;
C’est par ce contre-tems que je suis retenu.

Sophie.

Un contre-tems, Monsieur !

Damon.

Un contre-tems, Monsieur !Qui fait que j’offre encore
Un objet qui déplaît à celui que j’adore.
Mais, par votre ordre enfin, j’ai reçu mon arrêt ;
Je l’exécuterai, tout injuste qu’il est…
Pardonnez ce murmure, il est bien légitime
Au malheureux à qui l’on va chercher un crime
Au fond d’un avenir qui n’est pas fait pour lui :
On me punit de ceux dont on soupçonne autrui.

Sophie.

Je vois qu’on vous a fait un rapport trop fidele ;
On pouvoit l’adoucir.

Damon.

On pouvoit l’adoucir.Il est donc vrai, cruelle ?
Un autre plus heureux, plus digne apparemment…

Sophie, vivement.

Me feroit encor moins changer de sentiment.

Damon.

Ai-je pû m’attirer un refus légitime ?
J’aurois eu votre cœur, si j’avois votre estime.