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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/218

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Sophie.

Puisque vous en tirez cette conclusion,
Je n’ai rien à répondre en cette occasion.
Quoi ! faut-il vous aimer pour vous rendre justice ?

Damon.

C’est exiger de vous un trop grand sacrifice.
Vous aimez votre erreur.

Sophie.

Vous aimez votre erreur.Non… j’en voudrois guérir.

Damon.

Mais enfin, si celui qui sert à la nourrir,
Si Durval…

Sophie.

Si Durval…Je connois jusqu’où va votre zele ;
Que vous justifiez cet époux infidele.

Damon.

Madame, supposons qu’il soit…

Sophie.

Madame, supposons qu’il soit…Oui, tel qu’il est.

Damon.

Eh ! bien, en convenant de tout ce qui vous plaît…

Sophie.

Vous aurez tort ; & moi, j’ai de justes allarmes…
Vous m’allez opposer des discours pleins de charmes,
Me jurer un amour qui durera toujours.
Constance fut séduite avec ces beaux discours.
Qu’elle en a fait depuis une épreuve cruelle !
Vous la voyez : elle est étrangere chez elle ;