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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/90

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Léonore.

Madame, sur Damon, ai-je assez de crédit ?…

Orphise.

Assez, pour l’amener au point dont il s’agit.
J’ai des desseins secrets qu’il faut que je vous dise.
Connoissez-vous Damon ? Parlez avec franchise.

Léonore.

Je le crois honnête homme.

Orphise.

Je le crois honnête homme.Oh ! je n’en doute pas.
Le mystere a pour lui de furieux appas.
Je m’y perds comme vous. Depuis qu’il nous fréquente,
Il est d’une réserve incivile & piquante.

Léonore.

En quoi, Madame ?

Orphise.

En quoi, Madame ?En tout. En voici quelques traits.
Il est homme de guerre, & n’en parle jamais.

Léonore.

Tous ses pareils devroient imiter sa prudence.

Orphise.

Quand on est noble, on peut en faire confidence.
Il ne cite jamais ni lui, ni ses ayeux.

Léonore.

Ceux qui font autrement sont toujours ennuyeux.

Orphise.

Quand on est riche, est-il naturel qu’on s’en cache ?
Le premier avantage est que chacun le sçache.

Léonore.

Il n’appartient qu’aux sots d’en tirer vanité.