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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/91

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Orphise.

Ainsi vous approuvez sa singularité ?
Tant mieux. Du reste, il est homme assez sociable.
Je crois qu’on en peut faire un mari fort passable.
(Léonore soupire.)
Plaît-il ?

Léonore.

Plaît-il ?Rien. (à part.) Ciel ! de quoi va-t-elle me prier !

Orphise.

J’ai, comme vous sçavez, ma fille à marier.
Et ce seroit me faire un plaisir véritable
De sçavoir si Damon est un parti sortable.
En ce cas, agissez, Madame ; servez-nous,
Comme on vous serviroit ; faites comme pour vous.

Nérine.

Sans doute, c’est à quoi vous devez vous attendre.

Orphise.

Je veux, de votre main, l’accepter pour mon gendre.
Je crois qu’il va venir vous faire son adieu.
Je sors ; il ne faut pas qu’il me trouve en ce lieu.
Vous ne mettrez en jeu ni moi, ni la future.

Léonore.

En vérité, Madame…

Orphise.

En vérité, Madame…En pareille aventure,
Il faut avec adresse employer les détours.
Tout homme qu’on recherche en abuse toujours :
Se rencherit d’abord, sans valoir davantage :
Et, de rien qu’il étoit, s’érige en personnage.