Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/92

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Leur fatuité vient du cas que l’on en fait.
Il faut les maîtriser, malgré que l’on en ait,
Se les assujettir, les faire à son caprice.
Nous perdons leur estime, en leur rendant justice ;
Nous nous avilissons, si nous sentons leur prix ;
Et la moindre indulgence attire leur mépris.
Je vous laisse.



Scène V.

LÉONORE, NÉRINE.
Léonore.

Je vous laisse.Nérine…

Nérine, riant.

Je vous laisse.Nérine…Ah ! rien n’est plus risible.
Orphise vous procure un moyen infaillible
De vous servir vous-même, en servant ses desseins.
Voilà des intérêts remis en bonnes mains.

Léonore.

Quelle commission dangereuse & cruelle !
Je ne puis y songer ni pour moi, ni pour elle.
Oui, cette occasion n’est qu’un piége fatal.
Je m’exposerois trop, je la servirois mal.
Laissons aller Damon ; il faut que je l’évite.
Imagine une excuse, & reçois sa visite.

Nérine.

Quel danger courez-vous ? Quoi ! vous n’osez saisir
La seule occasion qui peut vous éclaircir.