Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE II.



Scène I.

LA GOUVERNANTE, seule.

Ô tendresse du sang ! Doux charme de ma vie,
Qui devroit dès long-tems m’avoir été ravie !
Quel état m’as-tu fait préférer à la mort ?
Grands dieux ! lorsque j’y pense, étoit-ce là mon sort ?
Mais je n’en rougis point, la cause en est trop chere.
Continuons les soins de la plus tendre mere ;
Avant que de rentrer dans ce Cloître écarté,
Où la main d’un parent a daigné par bonté
Assurer mon destin, consommons mon ouvrage.
Ah ! Ciel, permets enfin qu’à travers un nuage,
J’acheve de verser sur l’objet de mes pleurs,
Les seuls biens qui me soient restés de mes malheurs ;
Et du moins, qu’au défaut de tout autre avantage,
L’usage des vertus lui serve d’héritage.
Voyons ce que sur elle ont produit mes avis ;
Et si, pour son bonheur, elle les a suivis.