Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/124

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Sainville.

On l’a craint.Justes dieux ! Quel soupçon est le vôtre !
Il ne vient point de vous ; & je vois en ce jour
L’horreur qu’on a voulu verser sur mon amour,
Et l’effroi qu’on a mis dans le fond de votre ame.
Oui, pendant mon absence on vous a peint ma flamme
Comme un amusement frivole & criminel,
Qui pourroit vous couvrir d’un opprobre éternel.
Avez-vous pû souffrir qu’on me fît cette injure ?
A-t-on vû dans mon cœur le germe du parjure
Et de la perfidie ? Et vous, qui me blessez,
Angélique, est-ce ainsi que vous me connoissez ?

Angélique, à Juliette.

On a jugé bien mal de l’amour de Sainville.

Juliette.

Et vous avez été trop prompte & trop facile
À vous déterminer.

Sainville.

À vous déterminer.Vos beaux yeux sont baissés !
Eh ! regardez du moins ceux que vous offensez.

Angélique.

Ah ! Sainville.

Sainville.

Ah ! Sainville.Quoi donc ! Qui fait couler vos larmes ?

Angélique.

Vous ne sçavez pas tout.

Sainville.

Vous ne sçavez pas tout.Quelles sont ces allarmes ?
Quels secrets devez-vous cacher à mon amour ?