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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/140

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Scène V.

LE PRÉSIDENT, SAINVILLE.
Le Président.

Bon ; nous serons ici plus en particulier :
On voudroit votre avis sur un cas singulier.

Sainville.

Mon pere, vous sçavez que jamais je ne flatte.

Le Président.

C’est par cette raison. L’affaire est délicate ;
Les conseils les plus vrais sont ici les meilleurs.
Un Juge assez habile, honnête homme d’ailleurs…
Vous riez ?

Sainville.

Vous riez ?C’est de voir ce titre imaginaire
Être si constamment l’épithète ordinaire
Que s’accordent, entr’eux, les hommes indulgens.

Le Président.

Ainsi, vous ne croyez guere aux honnêtes gens.

Sainville.

Ma foi, ceux que j’ai vus me font douter des autres.

Le Président.

Mon fils, quels préjugés étranges que les vôtres !
Il est des gens de bien… je pense, sur ma foi,
Que vous ne jugez pas plus sainement que moi.

Sainville.

Mon pere, en vérité, ce reproche me pique.