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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/180

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Angélique.

Que m’importe à présent, pourvû que je vous fuie ?
Ne vous attendez plus, après m’avoir trahie,
Que je veuille avec vous passer mes tristes jours.
Non, entre vous & moi, c’en est fait pour toujours.
Je supporterai tout, pourvû qu’on nous sépare.

La Gouvernante.

Vous prononcez bien vîte un arrêt si barbare.

Angélique.

C’est qu’il est dans mon cœur.

La Gouvernante.

C’est qu’il est dans mon cœur.Juste Ciel, quel aveu !

Angélique.

Non, ce faux désespoir vous avancera peu.
Je ne croirai jamais que vous m’ayez aimée.

La Gouvernante.

Eh ! de quels sentimens suis-je donc animée ?

Angélique.

D’un zele amer, toujours trop inconsidéré,
Porté jusqu’à l’excès le plus immodéré,
Et qui vient de m’ôter le bonheur de ma vie.

La Gouvernante.

Il n’étoit qu’apparent.

Angélique.

Il n’étoit qu’apparent.Laissez-moi, je vous prie ;
Dans toutes vos raisons je ne veux plus entrer.
Quelle fatalité nous a fait rencontrer !
Je rendois grace au Ciel d’un présent si funeste !
Aveugle que j’étois !