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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/93

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Par l’organe des sots dans la langue ordinaire,
Qui sert à désigner un être imaginaire,
Ouvrage de l’orgueil & de la vanité ;
Tout cercle, quel qu’il soit, toute société
Croit en être, de droit, la véritable sphere :
Du bien, de la naissance, & telle autre chimere,
De la fatuité, des airs & du jargon,
Voilà tout ce qu’il faut pour usurper ce nom.
Quant à moi, j’en appelle ; elle est mal définie :
Ce sont les mœurs qui font la bonne compagnie.

Le Président.

Il en est cependant à qui ce titre est dû ;
Mais avec ces défauts le monde vous a plû,
Et j’en vois la raison : parlons avec franchise,
L’amour… Eh ! comment donc, ce mot vous scandalise !
À votre âge, parbleu, c’est une nouveauté !

Sainville.

Qui m’en auroit donné ?

Le Président.

Qui m’en auroit donné ?L’esprit, ou la beauté.

Sainville.

La beauté, j’en conviens, peut, quand elle est réelle,
Inspirer un amour aussi passager qu’elle.
Quant à l’esprit du sexe…

Le Président.

Quant à l’esprit du sexe…Il est sans contredit,
Que l’on ne vit jamais tant de femmes d’esprit.