Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/10

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nettement, j’ai bien peur que je ne vous aime, si vous souffrez que j’aye de l’amour ; car je suis encore en état de n’en point avoir, si vous le trouvez mauvais.

N’attendez de moi ni les beaux sentiments, ni les belles passions ; j’en suis tout à fait incapable, et les laisse volontiers aux amoureux de Mademoiselle C***[1]. Que les ruelles en fassent leur profit. Permettez à Madame de *** de définir l’Amour à sa fantaisie ; et n’enviez point les imaginations à ces misérables, qui dans les ruines de leur beauté, font valoir l’esprit qui leur reste, aux dépens du visage qu’elles n’ont plus.

Peut-être croyez-vous, me voyant si brutal à mépriser les beaux sentiments, que pour les exercices du corps, je suis un des plus déterminés hommes du monde. Écoutez ce qui en est. Je suis médiocre en toutes choses ; et la nature ni la fortune n’ont rien fait pour moi que de fort commun.

Comme je ne puis voir sans envie les gens somptueux et magnifiques dans leurs dépenses, je ne puis souffrir qu’avec chagrin ceux qui sont trop adonnés à leurs plaisirs ; et si j’ose le dire, je hais en quelque sorte les Vivonnes et

  1. Mademoiselle Cornuel, fort connue dans le grand monde de ce temps. Voy. les Divers portraits, de Mademoiselle.