Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/11

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les Saucourt[1], pour ne leur pouvoir ressembler.

Mes affaires vont toujours un même train. Jamais le dérèglement ne m’est permis ; et il me faut un peu d’économie pour arriver au bout de l’année, et passer une nuit d’hiver. Ce n’est pas que je sois réduit à la nécessité, ou à la foiblesse ; mais si je veux dire les choses nettement, ma dépense est petite et mes efforts médiocres.

  1. Il est difficile de commenter ces paroles de Saint-Évremond. Je ne puis mieux faire pour me tirer de ce pas, que de rapporter ici les vers suivants de Benserade, dans le Ballet royal des amours de Guise, où Saucourt représentoit un démon, et où son entrée est ainsi annoncée :

    Non, ce n’est point ici le démon de Brutus,
    Ni de Socrate :
    Par d’autres qualités et par d’autres vertus
    Sa gloire éclate.
    Sous la forme d’un homme, il prouve ce qu’il est :
    Doux, sociable.
    Sous la forme d’un homme aussi l’on reconnoît
    Que c’est le diable.
    Le bruit de ses exploits confond les plus hardis
    Et les plus mâles ;
    Les mères sont au guet, les amants interdits,
    Les maris pâles.
    Contre ce fin démon, voyez-vous aujourd’hui
    Femme qui tienne ?
    Et toutes cependant sont contentes de lui,
    Jusqu’à la sienne.

    Œuvres de Benserade, 1697, tome II, p. 162.

    Cette grande réputation de Saucourt, ou Soyecourt, lui suscita des envieux qui lui tendirent un piége, où il fut pris. Voy. sur ce personnage, Walckenaer, Sévigné, V, p. 419, et le Nouveau Siècle de Louis XIV, p. 65.