Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/129

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reviendroit la nuit suivante. Vous avez su, sans doute, comment Mme de Bouillon, M. le comte, M. de Bouillon, et tout ce qu’il y avoit de plus honnêtes gens qualifiés à la cour, montèrent à cheval sur ce rapport pour venir à mon secours. Au bruit qu’ils firent en arrivant, Mme de Courcelles et moi les prîmes pour mes ennemis, mais la frayeur ne nous troubla point si fort, que nous ne nous avisassions d’un excellent expédient pour nous cacher. Il y avoit à la grille de notre parloir un trou assez grand pour faire entrer un grand plat, par où nous n’avions jamais songé jusqu’alors qu’une personne pût passer. Nous y passâmes pourtant toutes deux ; mais ce fut avec tant de peine, que M. Mazarin même, s’il eût été dans le couvent, ne s’en seroit jamais défié, et nous auroit plutôt cherchées partout que dans ce parloir. Nous connûmes bientôt que nous avions pris l’alarme à faux, et la honte que nous en eûmes nous fit résoudre à rentrer par où nous étions sorties, sans en avertir personne. Mme de Courcelles repassa la première aisément ; pour moi je demeurai plus d’un quart d’heure comme évanouie entre deux fers, qui me serroient par les côtés, sans pouvoir avancer ni reculer. Mais quoique je souffrisse étrangement dans cet état, je m’obstinai à n’appeler personne à notre aide, et Mme de Courcelles me tira tant qu’elle m’eut. Je fus remercier tous ces messieurs, et ils s’en retournèrent après avoir plaisanté quelque temps sur l’équipée que M. Mazarin avoit faite pour ne rien prendre.

Cependant j’eus un arrêt comme je voulois à la troisième des enquêtes. Cette chambre étoit presque toute de jeunes gens fort raisonnables, et il n’y en