Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sume beaucoup de la force de mon esprit : mais je panse avoir quelque droit à prendre de l’autorité sur les nouveaux disgraciés, par une longue expérience des méchantes affaires et des malheurs.

Parmi les livres que vous choisirez pour votre entretien, à la campagne, attachez-vous à ceux qui font leurs effets sur votre humeur par leur agrément, plutôt qu’à ceux qui prétendent fortifier votre esprit par leurs raisons. Les derniers combattent le mal : ce qui se fait toujours aux dépens de la personne en qui le combat se passe ; les premiers le font oublier, et à une douleur oubliée, il n’est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie.

La Morale n’est propre qu’à former méthodiquement une bonne conscience ; et j’ai vu sortir de son école des gens graves et composés qui donnoient un tour fort ridicule à la prud’hommie. Les vrais honnêtes gens n’ont que faire de ses lecons ; ils connoissent le bien par la seule justesse de leur goût, et s’y portent de leur propre mouvement. Ce n’est pas qu’il y ait de certaines occasions où son aide n’est pas à rejeter ; mais, où l’on peut avoir besoin de son aide, on se passeroit bien de ces occasions.

Si vous étiez réduit à la nécessité de vous faire couper les veines, je vous permettrois de