Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/184

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grands génies ne doivent pas envier aux médiocres. Que des malheureux, à qui la nature a été peu favorable, se fassent valoir comme ils pourront par le travail d’une étude si gênante ; pour moi, je me sens transporté avec plaisir à des endroits qui m’enlèvent, et mon admiration ne laisse point de place au chagrin de la censure.

Il est beaucoup plus facile de louer le Roi en prose qu’en vers. Les vers, avec tout le merveilleux de la poésie, n’approchent point de la magnificence du sujet ; et en prose, une vérité simple est un grand éloge. Il ne faut que dire purement ce qu’a fait le Roi, pour effacer tout ce qu’on a écrit des autres. M. de Nevers a entrepris une chose plus difficile : il a cherché des pensées qui pussent égaler les actions de son Héros. Le dessein étoit hardi, mais il n’a pas été tout à fait malheureux ; car s’il demeure fort au-dessous de la gloire de celui qu’il loue, il s’élève fort au-dessus du génie de tous ceux qui l’ont loué.

Qui peindra les beaux traits de sa gloire immortelle ?
Le pinceau trembleroit entre les mains d’Apelle.
Quel bonheur d’être nés au siècle de LOUIS !
Admirons, Bourdelot, ses exploits inouïs,
Que nous pouvons tous voir, que nous pouvons écrire ;
Et plaignons l’avenir, qui ne peut que les lire.

Je plaindrois la condition de nos neveux, si