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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/206

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avec moderation tous les plaisirs où ils sont sensibles. C’est la raison pourquoi les philosophes qui ont cru l’immortalité de l’âme, ont compté pour rien toutes les douceurs de ce monde ; et que ceux qui n’attendoient rien après la mort, ont mis le souverain bien dans la volupté. Pour vous, Madame, vous avez une philosophie toute nouvelle. Opposée à Épicure, vous cherchez les peines, les mortifications, les douleurs. Contraire à Socrate, vous n’attendez aucune récompense de la vertu. Vous vous faites religieuse, sans beaucoup de religion : vous méprisez ce monde ici, et vous ne faites pas grand cas de l’autre. À moins que vous n’en ayiez trouvé un troisième fait pour vous, il n’y a pas moyen de justifier votre conduite.

Il faut, Madame, il faut se persuader avant que de se contraindre : il ne faut pas souffrir sans savoir pour qui l’on souffre. En un mot, il faut travailler sérieusement à connoître Dieu avant que de renoncer à soi-même. C’est au milieu de l’univers que la contemplation des merveilles de la nature vous fera connoître celui dont elle dépend. La vue du soleil vous fera connoître la grandeur et la magnificence de celui qui l’a formé. Cet ordre si merveilleux et si juste, qui lie et entretient toutes choses, vous donnera la connoissance de sa sagesse. Enfin, Madame, dans ce monde que vous quittez,