Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu est tout ouvert et tout expliqué à nos pensées. Il est si resserré dans les monastères, qu’il se cache au lieu de se découvrir ; si déguisé par les basses et indignes figures qu’on lui donne, que les plus éclairés ont de la peine à le reconnoître. Cependant, une vieille Supérieure ne vous parlera que de lui, et ne connoîtra rien moins : elle vous commandera des sottises, et une exacte obéissance suivra toujours le commandement, quelque ridicule qu’il puisse être. Le Directeur ne prendra pas moins d’ascendant sur vous, et votre raison humiliée se verra soumise à une ignorance présomptueuse. La raison, ce caractère secret, cette image de Dieu que nous portons en nos âmes, vous fera passer pour rebelle, si vous ne révérez l’imbécillité de la nature humaine en ce Directeur. De bonnes sœurs trop simples vous dégoûteront ; des libertines vous donneront du scandale : vous verrez les crimes du monde ; hélas ! vous en aurez quitté les plaisirs.

Jusqu’ici, vous avez vécu dans les grandeurs et dans les délices : vous avez été élevée en reine, et vous méritiez de l’être. Devenue héritière d’un Ministre qui gouvernoit l’univers, vous avez eu plus de bien en mariage, que toutes les reines de l’Europe ensemble n’en ont porté aux rois leurs époux. Un jour vous a enlevé tous ces biens ; mais votre mérite vous a