Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/219

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prit qui vous reste. Il vous en reste, Madame, malgré le dessein qu’on avoit de vous le faire perdre entièrement, afin de disposer de vous avec plus de facilité à votre ruine : mais avec cela, ne trouvez pas mauvais que je vous fasse voir la différence qu’il y a de vous à vous-même.

Qu’auroit dit autrefois cette Mme Mazarin, que nous avons connue spirituelle et pénétrante ? qu’auroit dit notre Mme Mazarin, si elle avoit vu un petit troupeau religieux passer la mer pour établir sa sainteté vagabonde chez une personne de qualité ? Et que n’auroit-elle pas dit de l’hospitalière qui auroit logé ces bonnes sœurs ? Qu’auroit dit Mme Mazarin, si elle avoit vu la Révérende mère supérieure, partager son temps, entre les exercices de piété, et ses leçons amoureuses ; entre la ferveur de la prière, et l’avidité de la Guinée ; entre les fraudes pieuses de la religion, et les tromperies à la Bassette ? Qu’auroit-elle dit si elle avoit vu ces jeunes plantes, qui avoient besoin d’être arrosées, porter miraculeusement un fruit avancé par la bénédiction particulière de cette maison ? Venez, petite Marote9, prosélyte de leurs saintetés : venez nous apprendre quelque chose du mystère où vous êtes initiée : mon-


9. Une des jeunes dévotes qui étoient venues avec Mme de Ruz, et celle qui, dit-on, portoit le fruit avancé.