Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/229

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d’esprit douce et tranquille. Cette amitié commode et aisée, que vous me reprochez toujours, m’auroit exempté de beaucoup d’ennuis, m’auroit garanti de beaucoup d’inquiétudes et d’appréhensions : mais j’ai été trop honnête, trop sensible, et moins heureux.

La moindre apparence de peine pour vous, en est une pour moi trop véritable. Je suis le même que j’étois quand vous m’avez vu partager vos maux avec vous ; assez changé dans votre opinion pour en avoir perdu votre confiance, toujours égal dans le sentiment de vos douleurs. Au-dessus de tous les chagrins de la vieillesse, je n’ai aucun trouble que le vôtre ; et il est bien juste que mon âme soit altérée par le désordre de la vôtre, puisque l’heureuse assiette où je l’ai vue autrefois, a fait si longtemps la tranquillité de la mienne.

C’est trop parler de mon mérite à votre égard : faire souvenir de nos services, est une injure à ceux qui les ont mal reconnus. Je vais donc vous demander une grâce, au lieu de vous reprocher une obligation ; c’est, Madame, que vous me permettiez de me justifier des soupçons que vous avez. Je jure avec la plus grande vérité du monde (vertu qui subsisteroit dans la ruine de tous les principes de morale, et de tous les sentiments de religion), je jure avec cette vérité qui m’est si chère, que je