Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/230

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n’ai jamais rien fait, rien dit, rien insinué, par où la personne la plus délicate et la plus sensible pût être blessée. Et que dirois-je de criminel contre vous, Madame ? Ce ne sont pas des crimes, ce ne sont pas des injustices et des violences qu’on pourroit vous reprocher ; ce sont vos ennuis, vos mélancolies : ce sont les embarras de votre esprit qu’on ne vous pardonne point. Si vous êtes coupable, c’est envers vous, de votre affliction ; envers nous, de la perte de notre joie. Chacun est en droit de vous redemander vos agréments et ses plaisirs. Oui, Madame, vous devez compte à tous les honnêtes gens, des manières obligeantes que vous avez eues ; vous le devez à tous vos amis de la douceur de votre commerce, et de la liberté de votre maison. Vous le devez aux savants de votre lecture, aux délicats de votre bon goût, à moi de vos grandes qualités que j’ai tant louées. Rendez-moi cette femme illustre, qui n’avoit rien des foiblesses de son sexe ; rendez-moi cette sagesse enjouée, cette fermeté agréable, ces vertus qui faisoient des philosophes de vos amants ; ces charmes qui vous faisoient des amants des philosophes.

Qu’est devenu ce temps heureux,
Où la raison, d’accord avec vos plus doux vœux,