Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/249

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Mais en quel pays étiez-vous, ou dans quelle obscurité passiez-vous la vie, pour ignorer comment se fit le mariage de M. Mazarin ? M. le Cardinal, au commencement de sa maladie, voulut examiner le mérite de nos courtisans, pour en trouver un à son gré, digne d’épouser sa belle nièce, et capable de soutenir l’honneur de son nom. Comme il lui restoit encore quelque vigueur, il n’eut pas de peine à résister aux vertus qui se trouvoient avec peu de bien ; mais son mal augmentant tous les jours, et son jugement diminuant avec ses forces, il ne résista point à la fausse opinion qu’on avoit des richesses de M. Mazarin. Voilà, monsieur Érard, voilà ce noble et glorieux choix de M. le Cardinal ; choix, à parler sérieusement, qui faillit à ruiner sa réputation, malgré tout le mérite de sa vie passée. Là se perdit le respect des courtisans ; là, les plus retenus se laissèrent aller aux railleries ; et des ministres étrangers écrivirent à leurs maîtres qu’il ne falloit plus compter sur Son Éminence, après le mariage ridicule qu’elle avoit fait.

Quelque aversion que vous puissiez avoir pour les vérités, faites-vous la violence d’écouter celles que je vais dire de M. Mazarin. Vous ne sauriez avoir plus de répugnance pour les vérités, que j’en ai pour les mensonges ; cependant il m’a fallu écouter ceux que vous avez dits sur