Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/36

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chante affaire, les uns ont de la peine à les dire, et les autres à les écouter ; mais, dans quelque retour, ou d’humeur, ou d’intérêt, l’on fait notre mérite de ce qui avoit fait notre disgrâce. Il y a peu de personnes à la cour dont je n’aie vu changer la réputation deux fois l’année, soit par la légèreté de nos jugements, soit par la diversité de leur conduite. J’ose espérer que la même chose arrivera sur mon sujet, mais plus par les réflexions d’autrui, que par aucun changement de mon côté. Un jour on me louera d’être bon François, par ce même écrit qui m’attire des reproches ; et si Monsieur le Cardinal vivoit encore, j’aurois le plaisir de me savoir justifier dans sa conscience ; car je n’ai rien dit de lui, qu’il ne se soit dit intérieurement cent fois lui-même. Jaloux de l’honneur du roi et de la gloire de son règne, je voulus laisser une image de l’état où nous étions avant la paix, afin que toutes les nations connussent la supériorité de la nôtre, et rejetant le mauvais succès de la négociation sur un étranger, ne s’attachassent qu’à considérer les avantages que nous avions eu dans la guerre.

Je finis un si fâcheux entretien : c’est un ridicule ordinaire aux disgraciés d’infecter toutes choses de leurs disgrâces ; et possédés qu’ils en sont, d’en vouloir toujours infecter les autres. La conversation de M. d’Aubigny, que je vais