Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/376

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Et dans la douleur que m’apporte
Ce triste et malheureux trépas,
Je dirois en pleurant que toute Muse est morte,
Si la vôtre ne vivoit pas.
Ô vous, nouvel Orphée, ô vous de qui la veine
Peut charmer des Enfers la noire souveraine,
Et le Dieu son époux, si terrible, dit-on,
Daignez, tout-puissant La Fontaine,
Des lieux obscurs où notre sort nous mène
Tirer Waller au lieu d’Anacréon !

Mais il n’est permis de demander ces sortes de soulagements qu’en poésie ; on sait qu’aucun mérite n’exempte les hommes de la nécessité de mourir, et que la vertu d’aucun charme, aucune prière, aucuns regrets ne peuvent les rendre au monde, quand ils en sont une fois sortis.

Si la bonté des mœurs, la beauté du génie,
Pouvoient sauver quelqu’un de cette tyrannie,
Que la Mort exerce sur tous,
Waller, vous seriez parmi nous,
Arbitre délicat, en toute compagnie,
Des plaisirs les plus doux.

Je passe de mes regrets pour la muse de M. Waller, à des souhaits pour la vôtre.

Que plus longtemps votre muse agréable
Donne au public ses ouvrages galans !
Que tout chez vous puisse être conte et fable,
Hors le secret de vivre heureux cent ans !