Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/383

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meurée dans l’esprit, comme je vais vous la dire.

Les beaux esprits, les sages, les amants,
Sont en débat dans les Champs-Élysées :
Ils veulent tous en leurs départements
Waller pour hôte, ombre de mœurs aisées.
Pluton leur dit : J’ai vos raisons pesées,
Cet homme sut en quatre arts exceller,
Amour et vers, sagesse et beau parler ;
Lequel d’eux tous l’aura dans son domaine ?
« Sire Pluton, vous voilà bien en peine ;
S’il possédoit ces quatre arts, en effet,
Celui d’amour, c’est chose toute claire,
Est un métier qui les autres fait faire. »

J’en reviens à ce que vous dites de ma morale, et suis fort aise que vous avez de moi l’opinion que vous en avez. Je ne suis pas moins ennemi que vous du faux air d’esprit que prend un libertin. Quiconque l’affectera, je lui donnerai la palme du ridicule.

Rien ne m’engage à faire un livre ;
Mais la raison m’oblige à vivre
En sage citoyen de ce vaste univers ;
Citoyen qui, voyant un monde si divers,
Rend à son auteur les hommages
Que méritent de tels ouvrages.
Ce devoir acquitté, les beaux vers, les doux sons,
Il est vrai, sont peu nécessaires ;
Mais qui dira qu’ils sont contraires
À ces éternelles leçons ?
On peut goûter la joie en diverses façons ;