Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/391

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humaine à l’amour de Dieu et donner à son âme de l’occupation : mais ne pas aimer, est une espèce de néant, qui ne peut convenir à votre cœur.

Ce repos languissant ne fut jamais un bien ;
C’est trouver, sans mourir, l’état où l’on n’est rien.

Je vous demande des nouvelles de votre santé, de vos occupations, de votre humeur, et que ce soit dans une assez longue lettre, où il y ait peu de morale et beaucoup d’affection pour votre ancien ami. L’on dit ici que le comte de Grammont est mort, ce qui me donne un déplaisir fort sensible. Si vous connoissez Barbin, faites-lui demander pourquoi il imprime tant de choses sous mon nom qui ne sont point de moi. J’ai assez de mes sottises, sans me charger de celles des autres. On me donne une pièce contre le P. Bouhours, où je ne pensai jamais. Il n’y a pas d’ecrivain que j’estime plus que lui : notre langue lui doit plus qu’à aucun auteur, sans excepter Vaugelas. Dieu veuille que la nouvelle de la mort du comte de Grammont soit fausse1, et celle de votre santé véritable ! La Gazette de Hollande dit que M. le comte de Lauzun se marie : si cela étoit vrai,


1. Cette nouvelle étoit en effet fausse. Philibert, comte de Grammont, comme on l’a vu plus haut, ne mourut que le 10 janvier 1707.