Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/410

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RÉPONSE DE SAINT-ÉVREMOND, À MADEMOISELLE DE LENCLOS.

La dernière lettre que je reçois de Mlle de Lenclos me semble toujours la meilleure ; et ce n’est point que le sentiment du plaisir présent l’emporte sur le souvenir du passé : la véritable raison est que votre esprit se fortifie tous les jours. S’il en est du corps comme de l’esprit, je soutiendrois mal ce combat d’estomac dont vous me parlez. J’ai voulu faire un essai du mien, contre celui de Mme de Sandwich, à un grand repas chez Mylord Jersey : je ne fus pas vaincu. Tout le monde connoît l’esprit de Mme de Sandwich : je vois son bon goût, par l’estime extraordinaire qu’elle a pour vous. Je ne fus pas vaincu sur les louanges qu’elle vous donna, non plus que sur l’appétit. Vous êtes de tous les pays : aussi estimée à Londres qu’à Paris. Vous êtes de tous les temps ; et quand je vous allègue, pour faire honneur au mien, les jeunes gens vous nomment aussitôt, pour donner l’avantage au leur. Vous voilà maîtresse du présent et du passé ; puissiez-vous avoir des