Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/411

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droits considérables sur l’avenir ! Je n’ai pas en vue la reputation : elle vous est assurée dans tous les temps ; je regarde une chose plus essentielle : c’est la vie, dont huit jours valent mieux que huit siècles de gloire après la mort. Qui vous aurait proposé autrefois de vivre comme vous vivez, vous vous seriez pendue ; l’expression me charme, cependant vous vous contentez de l’aise et du repos, après avoir senti ce qu’il y a de plus vif.

L’esprit vous satisfait, ou du moins vous console ;
Mais on préféreroit de vivre jeune et folle,
Et laisser aux vieillards exempts de passions
La triste gravité de leurs réflexions.

Il n’y a personne qui fasse plus de cas de la jeunesse que moi : comme je n’y tiens que par le souvenir, je suis votre exemple, et m’accommode du présent, le mieux qu’il m’est possible. Plût à Dieu que Mme Mazarin eût été de notre sentiment ! Elle vivroit encore : mais elle a voulu mourir la plus belle du monde. Mme Sandwich va à la campagne : elle part d’ici, admirée à Londres, comme elle l’a été à Paris. Vivez ; la vie est bonne, quand elle est sans douleur. Je vous prie de faire tenir ce billet à M. l’abbé de Hautefeuille, chez Mme la duchesse de Bouillon. Je vois quelquefois les amis de M. l’abbé Dubois, qui se plaignent